Sa place n’est pas dans un musée

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Dans mon article sur la Intellivision Amico, j’ai critiqué la vision un peu « sauveur face à une époque moderne nulle » que peut voir certain⋅es dans le retrogaming (et on peut voir cela de manière plus vaste dans d’autres domaines, genre le cinéma est un expert pour ce genre d’attitude), mais ai terminé en parlant du fait qu’il pouvait y avoir une bonne approche du retrogaming.

Je pense que la meilleur approche consiste à faire vivre le retrogaming, et les « vieilles oeuvres » en générale. C’est une approche qui peut aussi convenir sur comment utiliser les oeuvres du domaine public, etc. Dans cet article, je parlerais surtout de retrogaming, mais je ferais aussi quelques apparté sur les autres oeuvres d’art.

Pourquoi le retrogaming c’est cool

Depuis les débuts des jeux vidéos, des tas de jeux vidéos ont été fait. Pour tout les gouts, avec des concepts plus ou moins divers, plus ou moins difficiles, etc. Si les jeux retro ont parfois des archaïsmes (difficulté gérée différemment qu’aujourd’hui, certains acquis en terme de quality-of-life et d’accessibilité n’existaient pas à l’époque, etc), ils ont une grande diversité et de nombreux continuent d’être des œuvres pertinentes aujourd’hui, que ce soit en terme de gameplay, d’interactions ou de narration.

De plus, de nombreux jeux sortis il y a ~15~20 ans (parce qu’il ne faut pas oublier qu’il y a 20 ans, les consoles c’est la gamecube/PS2/xbox, etc et pas les jeux gameboy/megadrive/SNES) sont déjà des jeux très modernes et agréables, qui pourront être apprécié – ce qui se voit dans la quantité de remaster que l’on peut voir aujourd’hui, qui souvent ne changent pas totalement de chose.

Si évidemment que depuis, certaines technique ont été perfectionné, cela ne veut pas dire que ce qui était avant n’a pas d’intérêt, ou ne pourrait en avoir qu’à travers un remake complet : des tas de jeux sont tout a fait intéressant à découvrir aujourd’hui, et offriront des expériences funs. Le plus gros soucis est la difficulté d’accès : c’est pas facile quand on s’y connaît pas d’accéder à tout ces jeux.

Mon soucis avec les « consoles minis »

Avant tout chose, je dois dire que les consoles minis sont des produits pratiques pour rendre disponible de manière légale pas mal de jeux et de les faire découvrir (même si c’est moins bien que la console virtuelle, qui permettait de choisir comme on voulait entre bien plus de jeux). Elles sont un moyen de résoudre en partie le soucis que j’indique juste avant, surtout pour les plus vieux jeux (généralement génération 8bit, 16bit et 32bits).

Cependant, si les consoles minis tiennent leur promesses (offrir un moyen de jouer à quelques jeux anciens) et que des compilations comme la compilation de jeu Tortue Ninja ou la compilation Atari 50 sont de très très bon facture (avec un aspect découverte et préservation important), il y a également une présentation sous la forme de « le passé révolu » qui est assez dommage.

En effet, le soucis de ce genre de compilation est qu’il y a un côté « revivez le passé et la nostalgie », alors qu’au fond, tout les produits qui existaient à une époque font toujours partie du présent. Non seulement il y a de nombreux jeux cool aujourd’hui (notamment dans le domaine de l’indépendant, mais pas que), mais tout les jeux des époques précédant existe encore – même si c’est en majeure partie grâce à un travail de préservation en partie illégal fait par des fans.

Pour moi on en arrive dans un piège, le piège de la nostalgie. Le piège de la nostalgie, consiste en deux approches qui arrivent au même résultat, considérer les œuvres comme impossible à faire évoluer, à faire vivre autrement.

  • Le premier est de considérer les œuvres anciennes comme étant mieux de manière absolue que les œuvres modernes. Le fameux « c’était mieux avant »
  • Le second est de considérer les œuvres comme étant juste un « produit de leur temps » qu’il faudrait étudier avec un regard un peu froid

Ces deux visions ont le soucis de « fixer » l’œuvre, d’en faire juste un objet de regard figé et incapable d’évoluer (voir parfois « qu’il ne faut surtout pas faire évoluer). De plus, je trouve qu’il y a dans cette approche « musée » une certaine froideur (et pour moi, les musées gagneraient à être des espaces culturels polyvalents plutôt que des sortes de temples froids des œuvres passées. J’ai largement une préférence pour les musées qui me raconte une histoire, ou le voyage à travers le musées fait de ce qui est exposé une partie d’une oeuvre plus grande, d’une fresque).

Et c’est là ou je trouve qu’on arrive à un soucis, même quand y’a quelques fonctionnalités en plus comme les sauvegardes instantanées (qui peuvent rendre bien plus agréable certains vieux jeux) ou autres. Et c’est dans une attitude qui rattache ces jeux de manière définitive au passé, à une époque. D’une manière, j’aimais bien la manière dont Nintendo avait ressorti des jeux SNES sur sa GBA, permettant à des gens de les redécouvrir, et de profiter pour avoir une bonne expérience avec, même si un peu différent. Et j’apprécie énormément tout les efforts de faire des éditions gratuites de livres du domaine public, ou les sites comme musopen rendant disponible la musique du domaine public, etc.

Faire vivre le « retro »

Je pense que la meilleurs approche est de faire vivre le retro. Si avoir une approche historique n’est pas une mauvaise chose en soi, et peut avoir de l’intérêt, je pense qu’il y a de l’intérêt à traiter ces oeuvres comme faisant juste partie du continuum d’expérience que l’on peut avoir. L’existence d’oeuvres plus nouvelles ne « remplace » pas l’existences de celles avant, beaucoup peuvent continuer d’exister. Je pense qu’il faut voir la culture de manière additive, et ne pas considérer une oeuvre « du passé » comme n’ayant plus d’intérêt aujourd’hui. On peut voir plusieurs exemples à cela : les jeux pokémon gameboy/gameboy advance gardent beaucoup de pertinences et sont encore énormément joué et partagé, et l’un des fangames Sonic les plus populaire à plus de 25 ans.

Parce que je pense que c’est là ou on arrive à ce qui doit être le plus important du retrogaming, et de tout partage des oeuvres plus anciennes : permettre aux gens de découvrir des expériences qui leur plairont. Et c’est d’ailleurs pour ça que je pense qu’il est giga cool d’avoir des moyens de rendre plus accessible ces jeux, pas qu’en terme d’y avoir accès, mais de permettre de plus facilement les apprécié malgré les points ayant plus « mal vieilli ».

En effet, si on sort du marché du retro, on peut trouver une communauté qui fait véritablement « vivre » le retro, voir même en font des jeux vivant, qui continue à se mettre à jour :

  • Les émulateurs communautaires (et les sites de partages de roms) permettent une conservation du patrimoine vidéoludique un ordre de grandeur meilleurs que celui des entreprises, en étant bien plus exhaustif, et riche puisque n’étant pas ressorti pour des raisons juste pécunière. Sans compter que les émulateurs possèdent des tas de fonctionnalités (même si certaines compilations les ont maintenant) permettant à des gens de jouer des jeux qui avant leur était pas accessible (savestate, etc).
  • De plus, des tas de possibilités existent et sont faites gratuitement par des gens pour permettre de rendre plus accessibles les jeux rétro : des patchs de traductions existent pour des tas de jeux, des romhacks/mods, packs de textures permettent de corriger des bugs, ajouter des améliorations QoL/graphique/etc, rendre les jeux accessible, voir de créer de nouvelles aventures ou moyens de redécouvrir ces jeux.

Et pour moi, ces deux point participent beaucoup à rendre plus accessible les jeux, et j’aimerais en profiter pour critiquer une attitude souvent présente dans la communauté rétrogaming : le fait de considérer comme l’alpha et l’oméga de toute expérience retrogaming de retrouver à 100% les « sensations originelles ». Les fonctionnalités ajoutés par les émulateurs et/ou des hackroms pour rendre des jeux plus agréables peuvent être très cool.

  • Si quelqu’un préfère jouer aux jeux sur des écrans récents, ou n’as pas envie de payer cher et devoir prendre de la place pour un écran cathodique pas la peine d’être pédant
  • Si quelqu’un veut utiliser des hacks, des cheats et/ou les fonctionnalités de l’émulateur pour se rendre le jeu plus simple, pas la peine d’être pédant. Pouvoir choisir la difficulté d’un jeu, passer les moments plus frustrants, retenter autant de fois qu’on veut un jeu sans sauvegarde peut apporter du confort et permet de se concentrer sur ce qu’on ressent comme les points fort d’un vieux jeux. Rappelons nous que c’est avant tout un divertissement, pas une grande épreuve de la vie mystique whatever.
  • Si les jeux veulent gommer d’autres archaïsmes, avoir des meilleurs graphismes, etc. idem.

Rejouer au jeu tel qu’il était y’a 10, 20, 30 ans n’est pas une obligation. Si quelqu’un cherche à se reconstruire cette expérience, c’est tout a fait cool et je trouve que ça peut être fun. Si quelqu’un cherche une expérience un peu modifié, c’est aussi ce qui peut permettre à ces jeux d’être plus joué, à cette personne de plus apprécier son expérience. De mon côté, j’utilise à fond l’accélération quand je joue aux vieux Pokémon sur gameboy et ça me rend l’expérience plus fun lors des phases de grind et tout.

Et c’est pareils pour les œuvres du domaine public (ou non) : les modifier, les revoir, améliorer certains aspects (et tout particulièrement améliorer les caractères oppressifs, que ce soit ceux « liés à l’époque » ou ceux d’œuvres dont on apprécie les concepts mais dont l’auteur était oppressif et à intégré beaucoup de ça dans l’oeuvre) peut aider des gens à plus les apprécier aujourd’hui, et c’est une bonne chose. Et aussi : remixer, faire des choses nouvelles. Respecter à 100% « l’œuvre originelle » n’est pas une fin en soi, la première chose à faire, c’est tenter de faire des choses intéressantes.

Bref, pour moi la place du « retro » n’est pas dans un musée. Elle est dans notre vie de tout les jours, mélangé au récent, avec des oeuvres tentant de le faire vivre plutôt que de juste le révéré comme quelque chose de révolu, de « mieux avant ».