L’Intellivision Amico et les scam à la nostalgie

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L’Intellivision Amico une console qui… n’a pas fait coulé beaucoup d’encre, je pense que la plupars des gens ne la connaissent que par la mention en passant dans la vidéo ROBLOX_OOF.mp3 de hbomberguy. De mon côté, c’est une console dont j’ai suivi les péripétie avec beaucoup d’assiduité, parce que ça a été mon feuilleton très rigolo, et aussi parce que je pense que c’est aussi un sujet qui est intéressant pour parler d’un soucis dans le domaine des consoles indés : les scams à la nostalgie.

Parce que je pense que s’il y a eut comme ça une poignée de console retro qui n’ont jamais existé, ce n’est pas un hasard, et c’est dû à un business qui s’est fait autour de la nostalgie, dont certaines entreprise en ont fait un véritable moyen de soutirer de l’argent facilement.

L’Intellivision Amico était-elle un scam ?

Réponse courte : oui (roll credits). La réponse longue est toute cette catégorie et va nous servir un peu de résumé du parcours de l’Intellivision Amico.

Quelque chose que beaucoup de gens disent en critiquant l’Intellivision Amico, et le porte parole (et ex-CEO) d’Intellivision est que ce serait un scam. Une critique qui est beaucoup faite au fait de dire ça est que cela ne compterait pas comme un scam, parce qu’il y aurait eu derrière un vrai projet de console, et que ce serait surtout de l’incompétence et des pratiques un peu shady. De mon côté je pense que si c’est vrai que je pense qu’ils avaient véritablement pour but de vendre une console, je pense qu’il y a eut des aspects scam.

L’Intellivision Amico est donc un concept qui a été lancé après la mort de Keith Robinson et le rachat d’Intellivision par Tommy Tallarico, qui s’est fait le CEO de la boite. Son principe était assez simple : faire une Wii 2 à partir de la marque Intellivision. On y retrouve beaucoup des idées de la Wii :

  • Gameplay simple, orienté vers la famille
  • Console moins puissante et jeux moins chers
  • Manette atypique, avec un aspect motion gaming (+ d’autres aspects ici : une roulette et un écran tactile)

Cependant, je pense que y’a une différence aussi dans le fait que Tallarico était bien plus extrème dans son idée.

Pourquoi est-ce que je dis que c’est un scam, cela dit ? Du au mensonge permanent. Si je pense qu’ils avaient bien pour but de faire un produit, ils ont constamment menti et trompé sur l’état réel de la console, et tenté de silencier toute les informations qui fuitait (par exemple en menaçant de procès quand les spécification technique sur l’Amico ont fuité). De même, la manière dont Tallarico s’est attaqué à chaque voix discordante, et à construit un culte autour de la console et de lui-même, ainsi que les crowfunding en série pour tenter de sortir la console sans dire la vérité sur l’état réel du projet participe à ce que j’appelle ça un scam. Pour plus de détail (et ma plus grande source sur le sujet grâce à sa présentation chronologique), la vidéo de Slope’s Game Room est la plus complète, si vous avez quatre heure à dédier à ça.

Tommy Tallarico et Intellivision Entertainement ont menti sur l’état d’un produit et la condition réelle de leur entreprise en vue d’obtenir des financements. Outre une mauvaise gestion, il y avait une volonté réelle de paraitre plus qu’ils étaient, en mentant sur les employés encore présent (notion aussi indiquée dans ROBLOX_OOF.mp3), ou louant de gigantesques bureaux. C’est arnaquer des investisseurs (qui parfois investissait parce que c’était potentiellement pour eux un moyen de payer les études de leurs enfants, ou pour avoir une retraite dans un système ou ils doivent capitaliser pour ça), et ce même si un produit était prévu.

N’oublions pas les autres

Ce n’est pas les premiers scams du genre qu’on a ces dernières années. Deux principaux autres viennent en tête : la Coleco Chameleon, et la ZX Spectrum Vega+. Je ne vais pas revenir en profondeur sur ces deux désastre, mais juste faire quelques explications.

La Coleco Chameleon était supposé être une nouvelle console à cartouche… Mais l’équipe n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait à priori, et a menti pour tenter de masquer les soucis, et de faire croire à une avancée. Elle avait réussi à obtenir d’Atari le droit d’utiliser des moules de la Atari Jaguar, et est surtout connue pour la fois ou elle a présenté la « console » à un festival… qui n’était qu’une carte mère de SNES dans un boitier de Coleco Chameleon. Oups.

La ZX Spectrum Vega+ était supposé être une console portable émulant la ZX Spectrum, qui devait avoir ~1000 jeux ZX Spectrum intégrés. Et évidemment, le projet est parti en vrille, comme présenté dans une autre vidéo de Slope’s Game Room. Le produit final n’est arrivé qu’à une partie des financeurs (le projet était en financement participatif), et n’a eut que 18 jeux. Globalement (y’a eu pleins d’autres trucs mais le but ici est surtout de résumer), ce projet à continuellement menti sur ses soucis (comme toujours), ne possédait pas vraiment les droits des jeux qui devaient être dans la console, et n’ont pas payé l’hopital auquel devait arriver une partie des revenus, et à dépensé une partie de son argents en batailles légales souvent stériles. Aouch.

La AtariVCS était très mauvaise, mais je pense que derrière y’a pas eu d’aspect trop scam : y’a eu des repports, mais y’avait (à ma connaissance) moins eu de « promesses fausses » et de choses du genre. C’est juste qu’ils ont eu de très mauvaises idées sur ce qu’ils vendaient (notamment de faire une « console sous Linux » hyper verrouillée qui ne permet pas d’avoir une bonne communauté homebrew). Un peu comme la Ouya, je classifierais cette console « juste » comme un échec… Cependant, cela continue de faire partie du soucis : l’utilisation du retro, d’une marque ancienne, pour tenter de booster un produit défaillant. Si ce n’était je trouve pas une arnaque, cela restait une entreprise tentant (désespérémment) de surfer sur le retro pour rester « importante ».

Nous pouvons remarquer un point commun dans ces quatre exemple : À chaque fois, il s’agit de tentative de revival d’une marque ancienne du jeu vidéo. (ou d’un projet qui ensuite à récupérer une marque). Atari, Intellivision, ZX Spectrum et Coleco était toutes d’anciennes marques du jeu vidéo, qui ont fait partie de son histoire.

Et peut-être qu’il s’agit d’un endroit ou creuser.

Le pouvoir des marques

Bref, nous avons eut quatre fois des utilisations de marques anciennes, que peuvent aimer les fans (et collectionneurs) de jeux vidéos, pour tenter de vendre des produits défaillant ou n’ayant que peu de valeur. On y retrouve les habituels biais du capitalisme : appel à la nostalgie (regarder cette chose de votre enfance/de l’histoire ! C’est important !) et surtout l’idée que la valeur serait dans la « marque ».

De plus, à chaque fois, on retrouve la tentative d’avoir la même histoire. Le revival, le retour, la résurrection de la marque ancienne (avec en plus dans le cas d’Intellivision : « qui va venir régler un soucis du jeu vidéo actuel » – selon eux). Cette volonté de se présenter en grand chevalier blanc sauveur de la marque. On tire ici dans la volonté légendaire de voir une « belle histoire », voir celui qui est tombé se relevé (et je dis ça en étant fan de SEGA : j’ai souvent rêvé d’un retour des consoles SEGA. Mais si elles n’ont rien a apporté, ce ne serait pas une bonne chose, et si elles n’ont à rapporté qu’un retour au passé, elles ne réussiront pas).

Aussi, souvent, dans les discours au moins d’Intellivision et de la Coleco, on retour cet idée du « retour à une époque bénie », à « l’âge d’or ». Le soucis c’est que dedans, on ne se retrouve pas simplement dans l’idée qu’il y avait « quelques aspects mieux à l’époque », mais que « l’époque était mieux ». Si on peut critiquer le présent du jeu vidéo (notamment la présence de modèle économiques super prédateurs dans les microtransactions, la manière dont les entreprises sont en train de se condenser en méga-holding, et l’immense gachis de resources de la planète que représente la génération actuelle de console – qui aurait été plus intéressante rien qu’en attendant quelques années en plus), il ne faut pas non plus tomber dans la nostalgie béate, à penser que le « jeu vidéo d’avant » serait universellement mieux (et surtout ne pas ignorer les phénomènes économiques qui provoques des soucis de qualité, de modèle économique)..

Cette mise en avant exacerbée de la nostalgie est un soucis communs de l’économie, mais dans les communautés rétro, on retrouve souvent malheureusement des membres et des groupes qui transforme le fait d’apprécier et préférer des jeux rétro en une sorte de vision conservatrice, une nostalgie et une volonté de retourner entièrement à « cette époque » vue comme universellement mieux. Cette nostalgie se base sur des tentatives parfois desespérée de « retrouver les sensations du passé » et le retro, les marques retro, les jeux retro, deviennent glorifié et en soit quelque chose à vouloir.

Encore une fois, je ne dis pas qu’adorer le retro est une mauvaise chose, et que de vouloir retrouver certains aspects du passé n’est pas intéressant : il faut mélanger ça avec une notion des qualités et défauts des époques, et savoir tirer les choses importantes d’hier, et voir ce qui est mieux aujourd’hui et les soucis d’aujourd’hui. ( c’est à titre personnel ce que je tente dans ma critique du web actuel ). Je dis que cette glorification du retro, cette idée d’une valeur intrasèque des jeux parce que des « classiques » à des soucis. Et je pense notamment que cela rend particulièrement sensible aux genre de discours que font ces scams : parce que ces quelques fans de retro cherchent un « sauveur » qui ferait revivre le passer.

Et c’est ce qui a permis selon moi à ces consoles de masquer une partie de leurs soucis : en offrant quelque chose qui dépassait l’aspect logique, qui donnait un « espoir de retour au passé ». Cependant, les illusions ne restent pas éternellement, et elles sont tombées.

Conclusion

J’aimerais raconter une petite histoire sur la Amico. Cette histoire, c’est celle d’un des éléments sur comment elle se présentait en « on va sauver le jeu vidéo ». Cette histoire, c’est Tommy Tallarico, qui parlait constamment de comment à son époque les jeux permettaient à des familles de jouer ensemble, ce qui ne serait plus le cas aujourd’hui…

Sauf que Nintendo existe toujours et permet toujours ça, et qu’en plus, l’arrivée du online permet aux amis éloignées de jouer ensemble (je joue souvent à des jeux avec mes amis en ligne, et passer des moments sociaux importants. On est pas devant le même canapés, mais quand on est des quatre coins de la France, ça aurait été difficile de toute façon). De plus, dans ma famille, mon frère et moi avons nos boulots et nos logements : on retourne régulièrement chez notre mère, mais les derniers jeux « vidéo » qu’on a fait ensemble sont des escape games en ligne (super fun). Si cela semble juste un apparté, c’est pour montrer que le sois-disant problème existe peut-être moins qu’on le dit. Des jeux familiaux multi-joueur sont possible avec la Switch, et de nouveaux formats (qui étaient interdit sur la Amico) existent et rendent ça accessible à plus de mode de sociabilité. Des jeux comme Among Us, Microworks, etc.

Cependant, pour être un sauveur, il faut un problème.

Et c’est tout une partie du soucis qui a permis au scam de fonctionner, et à des tas de gens d’être à fond dans les mensonges d’intellivision. « Une icone du jeu vidéo de jadis vient nous sauver ». Dans un esprit ou il faut « retourner aux passé », il y a souvent l’idée de « l’homme fort qui va supprimer les soucis qui sont arrivé et nous ramener au temps de jadis ».

( Note : cela dit, la Amico avait raison sur un point. En effet, les jeux vidéos augmente de prix, et si une console pouvait réussir à fournir une alternative moins puissantes, moins avancées, mais moins chère et toujours avec des jeux fun, je pense qu’il y aurait un marché pour ça. Cependant, se poser en sauveur pour ça n’est pas une bonne idée. )

Cela participe aussi sans doute main dans la main avec la spéculation avec les soucis du marché de l’occasion, en transformant en « relique d’un passé meilleurs » et « jeux à posséder/faire si on est un vrai fan de retro » ce qui était avant des « jeux un peu usé donc moins cher », et donc créer le terrain pour la spéculation. Cela dit, cela reste la spéculation en elle-même qui augmente le plus les prix.

Cependant, tout cela ne veut pas dire que tout le retro est mauvais. Le retrogaming apporte de nombreuses choses intéressantes, et la remise au gout du jour du retro par de nombreux projets permet à des gens de découvrir des jeux qui restent souvent fun.

Que ce soit via les consoles retro (qui conservent des défauts, du genre écologiquement), les compilations Cowabunga Edition et Atari50, etc. Si on retrouve un peu la glorification du rétro comme sorte de passé mort façon musée, la différence est qu’ici, y’a un aspect découverte, et une volonté de faire un produit correcte (et du professionnalisme).

Et si on sort du marché du retro, on trouve une communauté qui le fait véritablement vivre via des patchs/hacks, des émulateurs, des traductions, etc

Bref, le retro c’est cool (j’ai une texture missigno sur ce blog vous devinez que j’aime ça lol). Cependant, je pense que qu’il faut faire attention à ne pas le glorifier, surtout pas au point d’aller croire tout « sauveur du jeu vidéo » rien que pour un espoir de retrouver des sensations du passées.