Hier le 22 mars est sorti GNOME 44, nommé « Kuala Lumpur ». Cette version contient les améliorations et nouveautés faites par les nombreux contributeurs durant les six derniers mois.

Si de nombreux articles reprennent les nouveautés de cette version 44, j’aimerais ici regarder un peu ce que ça donne avec un regard plus « global ». Si nous allons reprendre ici quelques éléments (et images) de la release note, j’aimerais un peu donner un avis sur cette version.

S’il n’y a pas tant de grande headline tel que « on a redesigné entièrement le shell » ou les quick settings, cette version fait le plein de corrections de petits soucis qu’avait le bureau GNOME. Cette version dans sa globalité continue d’itérer sur les concepts mis en place depuis GNOME 40, et participent à faire évoluer et avancer le projet.

Nouvelles fonctionnalités

Plusieurs nouvelles fonctionnalités de GNOME 44 vont résoudre des points critiqués dans la ou les versions précédentes, certaines connues pour être présente depuis très longtemps :

• La fenêtre d’ouverture/enregistrement de fichier peut désormais afficher une grille d’icône comme Nautilus, résolvant un souci présent depuis plus de 18 ans dans le projet. Cela permettra de plus facilement ouvrir des fichiers visuels, tels que des photos.
• Les applications en tâche de fond (n’ayant pas de fenêtre visible) pourront être accédée depuis le menu des quick settings, ce qui permet de rouvrir ou arrêter une application sans fenêtre. Cette fonctionnalité nécessite Flatpak pour fonctionner.
• Le quick setting de bluetooth pourra afficher la liste des appareils bluetooth, rendant plus simple de s’y connecter
• Le retour de l’expansion des dossiers en mode liste (via une option) ainsi que l’affichage des icones à 48px en mode grille dans le navigateur de fichier.
• De nombreuses améliorations d’accessibilité ont été faite, grâce à la résolution d’un manque dans GTK, ce qui est une amélioration majeure qui résout un des plus gros soucis de GNOME selon moi. Si GNOME est l’un des bureaux les plus accessible sous Linux, les manques qu’il avait posaient soucis à de nombreuses personnes handicapées.

A cela s’ajoute d’autres petits ajouts/papercuts du genre : possibilité de désactiver le « mode assisté » du pointeur de souris (aussi connu sous le nom d’accélération du pointeur), la possibilité d’afficher uniquement les applis FOSS dans le magasin d’application… Toutes ces petites fonctionnalités (note : qui ne sont pas forcément petites à développer !) en plus ne modifie fondamentalement pas GNOME, ne révolutionne pas son utilisation, mais participent à le rendre plus agréable, en se combinant aux autres améliorations.

Par ce genre de fonctionnalités plus secondaires, le bureau GNOME permet d’améliorer

Amélioration de design

Continuant les portages vers GTK4 et libadwaita, GNOME Web, le navigateur web officiel de GNOME utilise désormais ces librairies. Non seulement son design est du coup plus proche de celui des autres applications, plus moderne et épuré, mais en plus l’utilisation de GTK4 améliore grandement ses performances, le rendant bien plus agréable à utiliser.

À part cela, au niveau design, on peut remarquer :

• La logithèque GNOME a eut le droit à plusieurs modifications de design sur son interface
• Les paramètres de GNOME ont eut le droit au redesign de plusieurs éléments :
  • Les paramètres de la souris et du touchpad ont été réorganisés, et ont notamment des vidéos explicatives pour mieux indiquer visuellement ce à quoi elles servent.
  • Les indications de sécurités ont été rendus plus simples et compréhensible, améliorant un point de contention de ce panneau du centre de paramètres.

Parmi ces améliorations de design, une particulièrement importante selon moi est celle des paramètres d’accessibilités.

• Les paramètres d’accessibilités sont classés par ce à quoi aide le paramètre (Tel que « voir », « entendre », « taper (au clavier) », « Pointer et cliquer » et « Zoom »).
• Ils sont organisés par un premier écran qui permet d’afficher les paramètres, puis des sous-menus qui contient les paramètres.
• Des nouveaux paramètres ont été ajoutés tels que l’overamplification du son et les scroll bar tout le temps visible.

Cette organisation est prévu d’être réutilisé pour d’autres « sous-menus » actuels, dans le but de rendre l’application entière plus agréable à utiliser.

Conclusion

Plein d’autres fonctionnalités et améliorations se retrouvent dans cette version, disponible sur la Release Note officielle. Pour les développeur⋅euse ou les curieux⋅es de savoir les amélioration de Libadwaita 1.3, vous pouvez les retrouver ici. N’hésitez pas à aller la voir pour savoir le détail des nouvelles fonctionnalités

Pour l’instant, nous n’avons pas encore beaucoup de nouvelles du long projet de rendre GNOME Shell disponible sur mobile, mais ce travail est un travail de fond qui prendra du temps, et il est possible de l’essayer (en se souvenant que c’est du code non final) sur le Pinephone Pro ou le OnePlus 6/6T (j’en ai un et je compte faire un petit article dessus), via la version edge de PostmarketOS ou des images de test/dev prévu pour ça.

Cette nouvelle version permet donc selon moi de voir que GNOME continue dans un modèle itératif depuis les dernières versions qui ont produit de grands changements tel que les Quick Settings ou toute la refonte de GNOME Shell de GNOME 40. Libadwaita continue également de s’améliorer et d’offrir des nouvelles fonctionnalités plus streamlinées, et les applications continue d’être porté vers GTK4 et Libadwaita. Avec chaque version, GNOME devient donc plus simple à utiliser et surtout plus cohérant.

Cela peut se voir dans les différentes fonctionnalités à venir pour de futures versions :

Tout d’abord libadwaita va refondre la manière de fonctionner de ses capacités à être responsives. Pour l’instant, la manière de faire de libadwaita fait que les applications peuvent avoir lors d’un redimensionnement des changements de taille de widgets au moment ou leur taille est calculée, ce qui provoque des WARNINGS dans les logs (et peut produire des comportements imprévus).

La nouvelle API (basé sur des API similaires des applications universelles microsoft) permet de résoudre ce problème, et y est ajouté plusieurs nouvelles fonctionnalités :

• Les headerbar « plate » (c’est-à-dire n’affichant des séparations visibles entre headerbar et contenu que lorsqu’on scroll le contenu) deviendront possible sans hack, ce qui permet des applications avec un style plus « léger ».
• Les différentes toolbar (et barre à onglet, etc) pourront aussi être fusionnée avec la headerbar, ce qui permettra un affichage plus simple.
• Libadwaita contiendra des widgets spécifiquement prévus pour les vues avec des sidebar, qui auront un style spécifique. Cela permettra une plus grande cohérence de ce type de vues assez courante chez GNOME

Ces modifications permettront des applications plus aérées, au design plus simple, notamment pour toute ces catégories de « petites applications » qui sont très présentes dans GNOME, rappellant un peu la notion initiale de « do one thing and do it well » des systèmes UNIX. Pas mal d’informations sur le sujet ont été partagé par Alex Mikhaylenko dans des thread sur Mastodon.

A côté de cela, une autre modification intéressante d’un point de vue design est l’implémentation des couleurs d’accents. Cela a d’abord été teasé par le designer Cassidy James Blaede, qui travaille pour la société Endless, et est implémenté par Jamie Murphy et Alex Mikhaylenko :

Alex Mikhaylenko a également montré en vidéo le setting en action.

D’après les indications de Cassidy James Blaede, on peut supposer qu’un portail sera fait pour exporter la couleur d’accent utilisée par GNOME. Toute cette modification vont dans le sens d’un GNOME encore plus clean et agréable à utiliser, et c’est intéressant de voir le projet évoluer, et apporter de plus en plus de nouveauté !

GNOME 44 sera présent dans Fedora 38 (ainsi que Fedora Silverblue 38) et Ubuntu 23.04 (mais dans une version sans doute mélangeant des versions et modifiant des éléménts). Il sera rapidement disponible sur les distributions en rolling release tel qu’ArchLinux.

Les images présentes dans cet articles sont reprise du projet ou de screenshots postées par les développeurs. L’image de préview est reprise des release note et des vidéos de représentation.